Réflexions sur Algonquin

En se retirant du 21e siècle, James Brown médite sur la beauté que nous trouvons lorsque nous sommes coupés du monde

James Brown

Je publie Sabotage Times, participe à des débats pour Talk Sport, écris pour NME, ai lancé les magazines Loaded et Jack ainsi que les Hommes de l’année de GQ.

James a précédemment chassé le vrai Captain Quint à Long Island.

@jamesjamesbrown
sabotagetimes.com

L’ostéopathe, qui était en train de me replier comme une chaise longue pour que je sois en forme et prêt à affronter les bois et les lacs d’Ontario, m’a regardé d’un air incrédule : « Vous allez à Algonquin? J’y suis allé, la première chose que vous voyez lorsque vous entrez dans le parc est le formidable magasin de plein air qui contient tout. »

J’imagine que ce parc naturel géant d’Ontario dispose de plusieurs entrées, mais lorsque nous avons pénétré dans le parc il y avait effectivement ce magnifique magasin de plein air. Son nom se trouve sur le côté d’une vieille camionnette remplie de canoës.

Nous étions cinq et notre guide, Robin Bannerjee des circuits d’aventure Call of The Wild (Appel de la nature), nous avions l’intention de passer la majeure partie de la semaine dans les forêts et sur les lacs, à faire du canoë et à camper.

SE DÉCHARGER DU POIDS DU MONDE

Nous avons fait le voyage depuis Londres en avion et en voiture afin de remonter dans le temps, nous avons laissé la technologie de côté pour pagayer et flotter sur les lacs de l’Algonquin dans des canoës géants Evergreen en Kevlar. L’expérience est appelée portage, du verbe français porter. Il n’y a pas d’eaux vives, car ce sont des lacs et non des rivières, mais il y a un défi inhabituel.

Pour vous déplacer d’un lac à un autre, vous devez faire basculer ces énormes canoës à l’envers et les porter sur vos épaules. Les canoës sont équipés d’une barre transversale conçue spécialement et qui est semblable aux barres utilisées par les laitières pour transporter des barattes lourdes dans les livres pour enfants. Bien que ça n’en ait pas l’air, le portage peut se faire seul. Un ami soulève l’extrémité du canoë, puis vous vous mettez à reculons en dessous jusqu’à ce que la barre soit sur vos épaules. Ensuite, vous contractez vos muscles abdominaux et avancez, vraiment très lentement, jusqu’à ce que vous développiez un rythme et éventuellement deveniez habitué à la nature de la marche.

Sur des pentes embourbées et le long de ponts occasionnels, c’est un défi pour l’esprit autant que pour le corps. Pour ceux d’entre nous habitués à travailler sur des claviers, les trajets d’un demi-mile entre deux lacs ainsi que le retour immédiat pour récupérer les sacs avec les équipements du camping nous donnent un petit aperçu du travail dans le monde réel.

Le reste du voyage n’est pas plus une promenade dans le parc qu’un coup de pagaie dans l’étang. Le vent peut provoquer quelques légères agitations, mais rien d’inquiétant. Il s’agit de canoës à deux places et vous pouvez faire des progrès raisonnables.

Bientôt, le défi devient de ne pas croire que nous sommes faits pour être dehors dans la nature. Flotter dans le calme de la nature. Regarder le jour devenir crépuscule. Réaliser que c’est ce qui se passe petit à petit dans votre vie. Ici sur le lac Pen à Algonquin, nous vivons au rythme de la nature et non au nôtre et c’est tant mieux pour nous tous.

"En observant attentivement, le sol semble certainement plus plat que la plus majeure partie du bord du lac. Cela explique que ces bois ont directement contribué à l’essor de l’Empire britannique."

 

Pour les citadins déterminés, il n’y a rien ici. Pas de distributeurs de billets, de chargeurs de téléphones, de taxis, de télévisions, d’iPads, de bars ou de magasins. Pas d’essence, pas de gaz, pas d’alcool, pas de radio, pas de bruit. Et pourtant il y a tout. Il y a la paix et la tranquillité. Ce sont des milliers d’années d’histoire naturelle. C’était une industrie qui a construit l’Empire britannique puis a disparu. Des wapitis, des ours et des loups sont présents dans les parages. Et il y a un ensemble d’arbres rouges au milieu du vert qui ressemblent à une pièce de puzzle dans le mauvais puzzle. Je me suis déjà allongé dans un canoë comme celui-ci sur la Manche, mais cela n’avait rien à voir avec la puissance que les forêts de pruches, d’épinettes de baumier, de bouleaux blancs, d’érables et de pins blancs offrent à Algonquin. Lorsque nous ramions d’un lac à un autre, descendant les courants de castors et à travers d’immenses baies aux parois rocheuses, c’est la pièce de puzzle rouge qui m’indiquait qu’il ne restait plus que 40 minutes de canotage avant de retourner au camp.

« Tournez à gauche au rocher », avons-nous dit pour rire. « Puis jusqu’à l’entrée vers la rive, portez ensuite le canoë à travers une autre forêt et répétez. » C’était comme si rien ne s’était passé ici, mais nous avions tort. En passant par un petit barrage qui était manifestement artificiel, Robin a suggéré que nous grimpions sur ce qui ressemblait à un tout petit quai.

« Croyez-le ou non », dit-il, « Nous nous trouvons au milieu de ce qui était autrefois la gare ferroviaire la plus active du Canada. Un train plein à craquer partait toutes les sept minutes. Tel était le rythme de récolte des rondins. »

Nous regardons autour de nous. Nous sommes à la lisière d’une forêt et derrière nous se trouve un immense lac; il a clairement perdu la tête. Aucune gare ferroviaire à l’horizon. Aucun rail, aucun bâtiment, rien. Il y a bien des signes du passage de l’homme. Le barrage comporte une pente artificielle et l’endroit où nous nous tenons semble être constitué de pierre façonnée. Mais à part cela, il n’y a rien. À y regarder de plus près, le sol paraît effectivement plus plat qu’une grande partie des bords du lac.

Il poursuit en nous expliquant que ces bois ont joué un rôle direct dans l’essor de l’Empire britannique.

LE DESTIN QUI A FRAPPÉ ALGONQUIN

"Comment une forêt canadienne a alimenté la flotte d’un empire."

 

Après avoir vaincu Napoléon au début du 19e siècle, les Britanniques durent reconstituer leur flotte afin de disposer d’une puissance maritime suffisante pour bâtir l’empire. Alors qu’ils affrontaient les Français sur le territoire qui est devenu le Canada, ils trouvèrent la forêt Algonquin et déclarèrent qu’elle leur fournirait du bois pour un millier d’années. Les immenses pins blancs constituaient de parfaits mâts, et c’est ainsi qu’ils inventèrent l’industrie forestière moderne. En l’espace de 40 ans, la forêt était décimée. Ils commencèrent donc à replanter des arbres pour revenir tous les 40 ans.

Ce qui suivit fut l’âge d’or pur et dur de l’exploitation forestière et des bûcherons. De jeunes hommes contraints par la pauvreté à vivre à deux par couchette dans de petites masures, leurs sous-vêtements vissés jusqu’à ce que la sueur et le labeur les consument, travaillant 18 heures par jours jusqu’à ce que la neige les interrompe. Après quoi, ils recommençaient une fois la glace fondue.

Une fois que nous avons connaissance de son passé industriel, nous commençons à voir les traces singulières de cette industrie endurcie. L’étrange maillon en fer cloué dans la paroi d’un cours d’eau rapide. Un rondin propre couché à moitié immergé ou coincé par une chute d’eau. En Alberta, une entreprise de conduite intelligente a commencé à récupérer les rondins égarés pour satisfaire des commandes de concepteurs et d’architectes, profitant ainsi de leur état parfaitement conservé par l’eau froide des lacs.

DE SIMPLES SPECTATEURS

"Aucun divertissement du 21e siècle à cet endroit, rien que l’occasion de se tenir sur une plage de galets, d’observer le ciel étoilé et de hurler."

Après une journée à pagayer et porter le matériel, pendant que les autres allument un feu de camp, je pousse à l’eau le canoë Evergreen en kevlar accosté sur la plage en galets et je flotte à reculons vers le milieu du lac. Il ne reste que 38 minutes avant la nuit, suffisamment pour dériver au milieu de nulle part. Le soleil est presque couché, mais l’atmosphère est encore assez chaude pour sortir en t-shirt et en gilet de sauvetage. Si vous pensez que le canotage n’est qu’eau vive et fureur, réfléchissez-y à nouveau. C’est l’endroit le plus tranquille sur Terre.

Sur la rive, j’entends les garçons rire et plaisanter à propos des loups et des ours, leur humour ronflant de la paranoïa du centre-ville. Leur voix résonne d’un bout à l’autre du lac. Ce lac, Pen Lake, comme beaucoup d’autres du Parc Algonquin, est un immense espace ondoyant assiégé par les forêts. Un tiers de ces eaux les plus calmes de la planète sont au Canada, et une pagaie m’aide doucement à m’y enfoncer plus profondément. Le cadre est un lieu chargé d’histoire industrielle et écologique. Ce qui semble aujourd’hui n’être que nature à l’état pur était autrefois le cœur de l’industrie. Après seulement trois jours de camping et de maniement de la pagaie, nous avons l’impression d’être partis pendant des semaines. Nos excursions sont une succession de lacs gris aux rives verdoyantes, aucun miroir, aucun média, aucun néon, aucune arête vive... Rien que la solitude, l’eau et les feuilles. Les arbres qui nous entourent sont époustouflants, leur feuillage est une explosion de rouge, d’ocre et de vert citron.

Nous avons manié la pagaie et porté ces énormes canoës lourds sur nos épaules pendant trois jours. À tel point qu’il paraît maintenant étrange de simplement s’allonger, dériver et admirer le paysage. There is no 21st-century entertainment here, just the opportunity to stand on a pebbled beach and stare up at the skies full of stars and howl. Et de se tordre de rire lorsque le hurlement de loup d’un homme fait penser à une mauvaise imitation du comédien Kenneth Williams.

Commencer une réservation

Réservez une voiture de location rapidement auprès d’une des 7 200 succursales Enterprise Location d’autos situées dans les villes, les aéroports et près de chez vous.

Réserver maintenant

Offres par courriel

Ne manquez pas la chance de prendre la route : nos dernières offres livrées dans votre boîte de réception.

S’abonner